La Session inaugurale de la cinquième (5ème) Législature du Parlement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) s’est ouverte, ce lundi, à Niamey(Niger). La cérémonie officielle d’ouverture de cette manifestation qui s’échelonne sur quatre jours (du 09 au 16 Mars 2020), a été présidée par le Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, par ailleurs, Président de la République du Niger, S.E.M Mahamadou Issoufou. Jean Claude Kassi Brou, devant-ci Président de la Commission de la CEDEAO, était, lui aussi, de la partie. Ainsi, le Président sortant du Parlement de la CEDEAO, en l’occurrence, Monsieur Moustapha Cissé Lo, a livré un message historique devant ses collègues avant de passer le témoin à son successeur sierra léonais, M.Tinnus. Il se dit quitter la tête de l’institution communautaire avec le sentiment du devoir bien accompli .Voilà quelques axes majeurs de son speech qui a fait autorité.
Février 2016-Février 2020 : mission accomplie…
J’ai l’insigne honneur de pouvoir aussi témoigner, ici, devant vous, l’importance du Parlement dans l’architecture des institutions de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO), eu égard, à l’importance de ses objectifs d’intégration régionale. En effet, il n’est pas inutile de rappeler que le Parlement a été institué pour garantir une meilleure représentation des populations ouest-africaines et assurer la prise en charge de leurs attentes dans le processus décisionnel d’intégration régionale. Aujourd’hui tout comme hier, ces attentes ont pour noms, la Paix et la Sécurité, la Liberté, la Stabilité et la Démocratie et, surtout, le bien- être de nos chères populations.
Je pense en mon humble avis et, objectivement, que la quatrième Législature que nous avions l’honneur de diriger, a favorablement répondu aux attentes de nos populations. Nous avions mené cette mission délicate avec détermination, brio et efficacité pour lui conférer toutes ses lettres de noblesse. Pour preuve, c’est la première fois, depuis l’installation de ce Parlement, que la fin d’une Législature a été sanctionnée par la tenue d’une Session spécialement consacrée à son auto-évaluation. Une grande première, dirions-nous ! Nous avons, récemment, fait cet exercice à Banjul, en République de Gambie, du 26 au 31 Janvier 2020. A cette occasion, nous avons procédé à la revue des activités menées et l’occasion a été donnée à chacun et à tous, Députés et personnes ressources indépendantes, de porter une appréciation sur nos réalisations, nos succès, nos forces et nos faiblesses. Une Résolution a été adoptée, à cet effet, à la fin des travaux par la plénière, exprimant une satisfaction générale du bilan de la quatrième Législature que j’ai eu l’honneur de conduire de main de maître et, je dois le dire en toute modestie, en toute objectivité.
Sur le terrain de l’action utile pour servir les populations …
Il a été, en effet, noté entre autres, qu’au nom du Parlement, que nous nous étions rendus à Gao, au Mali, le 23 Mars 2017, au moment où crépitaient encore le bruit des armes de groupes, j’allais dire, de groupuscules terroristes, ces semeurs de désordre, de frayeur, véritables ennemis du progrès, de l’épanouissement de nos peuples.
Comme vous le savez et dans ce même ordre d’idée, Excellence Monsieur le Président, grâce aussi à votre soutien indéfectible et à l’appui de mon frère et ami Monsieur Ousseini Tini, Président du l’Assemblée Nationale du Niger, que nous avons effectué le déplacement, du 15 au 19 octobre 2018, à Agadez, pour affronter les rigueurs du climat, en bons sahéliens, afin de s’enquérir des conditions des migrants clandestins. Au paravent, nous avions dépêché plusieurs missions au niveau des sites abritant des personnes déplacées au Nord- Est du Nigéria, dans les Etats de Bornou et de l’Adamawa durant notre mandat à la tête de cette institution communautaire.
Rencontres, débats sur la monnaie unique, lutte contre l’émigration clandestine…
Grâce à nos sessions, séminaires et réunions de Commission délocalisées, nous avons aussi porté le message de la CEDEAO, contribué à faire mieux connaître l’objectif de la CEDEAO et les bénéfices de l’intégration en traitant divers aspects prioritaires de la vision 2020.
Ainsi, de la monnaie unique à la transhumance en passant par la migration, la lutte contre le terrorisme, les droits de l’Homme, les députés communautaires ont répondu à l’appel lors des débats sur les grandes questions majeures qui nous préoccupent.
A travers nos séminaires et autres recommandations qui en sont issues, notre Parlement a, ainsi, apporté sa touche à ces différentes problématiques. Ainsi furent, entre autres, la recommandation sur la création à Agadez, d’un centre de la CEDEAO d’insertion et de formation professionnelle afin de stopper les causes profondes de la migration clandestine qui ruine nos économies et compromettent l’avenir, voire la vie de nos jeunes. Enfin, à travers des débats francs et ouverts, nos sessions ont répondu à la vocation du Parlement comme des foras d’échanges, de concertation et de consensus. A travers l’examen des rapports-pays, la situation politique, sécuritaire et économique, entre autres, dans chacun des 15 Etats membres a été régulièrement passée en revue et des recommandations ainsi que de fortes Résolutions ont été prises, chaque fois, que ce fut utile.
Je puis vous assurer et vous réassurer, que loin d’être une caisse de résonnance des nationalités étroites ou des régimes en place, les députés communautaires ont fait du Parlement un véritable espace d’expression libre et démocratique. Et nous espérons que la Communauté à travers la Commission de la CEDEAO en a largement tiré profit. Sur ce, j’exhorte monsieur tout le monde d’œuvrer pour la pérennisation de ces acquis. Il y va, de l’avenir, voire du devenir de notre Communauté.
Quelques réalisations faites et acquis à consolider…
Le suivi de la mise en œuvre de programmes et projets communautaires a été l’un des axes majeurs de notre action. A travers des missions de contrôles effectuées de 2017 à 2019, auprès de différentes institutions et agences spécialisées de la Communauté, nous avons entamé la mise en œuvre des nouveaux pouvoirs qui nous ont été conférés par l’Acte additionnel relatif au renforcement de prérogatives du Parlement.
Je voudrais, à cet égard, mettre le moment à profit pour saluer mes prédécesseurs , je veux nommer, le Professeur Aly Nouhoum Diallo( premier Président ) ,Honorable Mahamane Ousmane( deuxième Président ) et le Sénateur Eke Ekeremadu(troisième Président)pour le travail remarquable qu’ils ont, tour à tour, abattu à la tête de cette institution durant leurs différends mandats respectifs.
Des obstacles et contraintes à lever sur le chemin de l’intégration…
Je voudrais, particulièrement, à cet instant solennel, attirer votre attention sur les contraintes liées au fait que le Président ne réside pas au siège. En effet, alors qu’en tant que Chef d’Institution, le Président assume toute la responsabilité de la gestion de l’Institution, en vertu des textes communautaires, il ne dispose ni de temps, ni de ressources humaines adéquates pour assumer pleinement et efficacement cette
charge. Il serait donc bon de revisiter cette disposition qui, je le rappelle, a été introduite à la suite de la restructuration opérée en 2006. Cette même contrainte est ressentie au niveau des députés qui conservent le double mandat. Je dirais même que la conditionnalité du mandat communautaire au mandat national, avec les disparités des échéances électorales dans les différents pays est source d’instabilité par ce qu’elle prive le Parlement de la continuité et handicape, sur ces entrefaites, la consécration des députés à la mission communautaire.
Plaidoyer pour une révision de l’Acte additionnel…
Il faut donc envisager une révision de l’Acte additionnel afin de parachever le processus consistant à doter le Parlement de la CEDEAO de son véritable rôle de pouvoir législatif. Pour ce faire, nous avions eu à libeller un certain nombre de recommandations fortes : Respecter et faire respecter l’application de toutes les directives contenues dans l’Acte additionnel. J’ai eu mainte fois à le dire, le Parlement de la CEDEAO est une institution en marche et en devenir .Il doit encore faire l’objet de plus d’attention de la part des autorités communautaires qui lui ont accordé des prérogatives fortes dans l’Acte additionnel. Le pouvoir exécutif représenté par le sommet des Chefs d’Etat conduit la marche de la communauté, à ses côtés, il ya un pouvoir judiciaire représenté par la Cour de Justice et le Parlement qui est le pouvoir législatif. Si chacune de ses entités joue pleinement son rôle essentiel dans le processus d’ d’accélération de l’intégration sous-régionale, les citoyens de la Communauté pourront bien s’épanouir. En ma qualité de président sortant du Parlement de la CEDEAO, je propose aux Députés de la cinquième Législature de bien vouloir poursuivre la concertation avec la Commission de la CEDEAO, le CAF et le Conseil des Ministres.
Prières et conseils au nouveau Président du Parlement de la CEDEAO…
Celui qui sera porté à la tête du Parlement de la CEDEAO, dans les prochaines heures pour les quatre prochaines années, je voudrais lui féliciter et l’encourager, par anticipation. Que Dieu-Le-Tout-Puissant, le Seul Maître de l’Univers, l’assiste et lui donne la force morale nécessaire pour réussir la nouvelle mission à lui confier. Elle est immense mais, je ne doute point que la voie lui est largement balisée pour aboutir, encore, à plus de succès. Qu’il soit armé de courage, de volonté, de rigueur, d’abnégation, de vigilance, mais surtout, de prudence pour une bonne gestion des ressources du Parlement.
Publication d’un livre -bilan du Parlement…
Encore , une fois, permettez-moi, de rappeler et surtout de porter à la connaissance des nouveaux députés, que sur mon initiative et sous ma responsabilité, un livre-bilan du Parlement, depuis son installation en novembre 2000 à Bamako, est en cours d’édition. Bien évidemment, ce livre est axé sur la quatrième législature, dont je puis assumer les succès et les limites. Mais, il mentionne en bonne place l’héritage des Législatures précédentes, tout en mettant en exergue les grandes innovations entreprises par la quatrième Législature. Je suis convaincu que le nouveau bureau qui sera élu prendra les mesures idoines pour le rendre accessible à tous.
Pour une dynamique d’ensemble pour combattre le CORONAVIRUS…
Je n’ai pu terminer mon discours sans évoquer cette nouvelle pathologie qui continue d’alimenter les conversations au niveau mondial : je veux nommer le CORONAVIRUS. Cette maladie ignore les frontières et sème panique et désolation partout où elle prend ses quartiers. Je voudrais interpeller le bon sens et la responsabilité de notre Communauté afin de conjurer le mal. Ce fléau est, sans appel, une source d’inquiétude et peut, de toute évidence, avoir des conséquences néfastes dans nos économies.
Levons-nous ensemble, dans la solidarité et la cohésion, pour le combattre. Et, je ne doute point que, unis, nous le vaincrons.
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