Football is coming (to) Rome. En terre hostile, dans un Wembley incandescent, l’Italie a remporté ce dimanche le deuxième Euro de son histoire après 1968, en venant à bout d’une équipe d’Angleterre pourtant poussée par 60.000 supporters déchaînés (1-1, 3-2 tab), mais qui n’auront pas suffi face aux 10.000 tifosi ivres de bonheur en tribunes. Ce sacre, décroché au bout du suspense à l’issue de la séance de tirs au but, est une juste récompense pour une sélection sortie sans trembler de son groupe, puis parvenue à écarter l’Autriche en huitième, la Belgique en quart, l’Espagne en demie et donc les Three Lions pour finir le travail.
Il couronne le travail accompli par Roberto Mancini depuis trois ans pour redonner confiance à une équipe traumatisée par la non-qualification au Mondial 2018. Pour l’Angleterre et Gareth Southgate, qui peut s'attendre à être critiqué pour certains de ses choix, la déception est immense. C’est une terrible occasion manquée d’enrichir un palmarès qui reste bloqué à une Coupe du monde (1966).
Des Italiens malmenés, puis combatifs
Cette finale aura eu deux visages. Avec une première période bien maîtrisée par les locaux, organisés dans un 3-4-3 avec la titularisation surprise de Kieran Trippier. Un choix tactique d'abord payant. Ce schéma avait fait ses preuves contre l’Allemagne et il a déstabilisé des Italiens longtemps repliés dans leur camp et à court de solutions. Des Italiens inoffensifs et gênés par le positionnement d’un Harry Kane omniprésent, sans cesse disponible entre les lignes et capable de redescendre assez bas pour aider à la construction, tout en apportant le surnombre dans l’entrejeu et dans la zone d’un Jorginho esseulé, comme avait su le faire Dani Olmo avec l’Espagne au tour précédent. Le buteur de Tottenham n’a pas hésité à dézoner pour remiser, se mettre face au jeu et alimenter ses ailiers. C’est d’ailleurs sur un de ses décrochages que s’est construit le premier but (2e). Il est venu demander le ballon à Luke Shaw, avant d’accélérer et de servir côté droit Kieran Trippier, qui a eu tout le temps de centrer et de trouver Shaw, étonnamment oublié au second poteau.
Le latéral gauche de Manchester United a dû se dire à ce moment-là qu’il revenait de loin. Moqué il n’y a pas si longtemps pour ses errements défensifs ou sa condition physique, et critiqué encore récemment par José Mourinho malgré une saison aboutie en Premier League, il aura balayé toutes les critiques à son sujet avec un tournoi de patron, un peu plus sublimé par sa demi-volée du gauche sur l’ouverture du score. Son premier but en sélection et en même temps le but le plus rapide inscrit en finale d’un Euro, après une minute et 57 secondes. Il a fallu attendre la fin de la première période pour voir les Italiens commencer tout doucement à sortir la tête de l’eau. Un sursaut illustré par un festival technique de Federico Chiesa conclu d’un missile du gauche venu flirter avec le montant de Jordan Pickford (35e). Peut-être trop sûrs d’eux, et peut-être frustrés aussi par un penalty non-sifflé après un contact litigieux dans la surface entre Raheem Sterling et la paire de centraux italiens Georgio Chiellini-Leonardo Bonucci (48e), les Anglais ont soudainement reculé au retour des vestiaires.
Donnarumma décisif aux tirs au but
Comme s’ils s’attendaient à pouvoir gérer sans trembler ce 1-0. Comme si cadrer un seul tir allait suffire. Une très mauvaise idée face à des Italiens pas toujours adroits mais loin d’être abattus et surtout menés par un Chiesa en grande forme, proche d’égaliser à l’heure de jeu sur une nouvelle tentative repoussée par Pickford (62e). Le gardien d’Everton a fini par céder cinq minutes plus tard. Sur un improbable cafouillage, symbole à la fois des lacunes anglaises et de la force de caractère italienne.
A l'affût sur corner, Marco Verratti a surgi pour placer une tête à bout portant, prolongée sur son poteau par Pickford, qui n’a en revanche rien pu faire dans la seconde suivante lorsque Bonucci s’est arraché pour pousser le ballon au fond des filets et tout relancer (67e). Southgate a essayé de reprendre le contrôle de la partie en sortant Trippier et Declan Rice pour lancer Bukayo Saka et Jordan Henderson, répondant aux entrées de Bryan Cristante et Domenico Berardi. Mais il n'a pas été inspiré dans ses changements, à l'inverse de Roberto Mancini, et l’Angleterre a continué à subir les assauts d’une Nazionale revigorée par l’égalisation, plus mordante après la sortie de Ciro Immobile, avec un jeu plus direct et davantage d’intensité dans les transmissions.
L'Italie a aussi montré les crocs. Parfois à l'extrême limite, Saka en faisant les frais sur un (interminable) tirage de maillot de Chiellini (90e+5). La preuve que l'Italie n'allait rien lâcher. La preuve aussi que l'Angleterre allait devoir batailler pour avoir le dernier mot. Emmenées en prolongation, comme une évidence, ces deux équipes ont eu quelques munitions pour virer en tête. Sans parvenir à éviter la séance de tirs au but. Un Euro ne s'était plus conclu de cette façon depuis 1976. Et à ce petit jeu, les jeunes pousses anglaises ont craqué : Marcus Rashford a trouvé le poteau, alors que Jadon Sancho et Bukayo Saka ont buté sur Gianluigi Donnarumma, qui a sans doute gagné pour de bon le statut de héros national en Italie.
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